Par ici la visite !
En l’occurrence ce jour là, en petit comité, nous avons le plaisir de la faire avec Eric Fottorino, qui en a assuré le commissariat. Fottorino, écrivain et journaliste, tout acquis à la cause de Badinter, à ses causes, devrais-je plutôt dire.
Cette exposition, « Robert Badinter, la justice au cœur », organisée par le Centre des monuments nationaux, accompagne l’entrée au Panthéon de l’ancien ministre , au sein de la crypte qui lui rend hommage.
Elle s’articule autour de trois travées chacune placée sous la figure tutélaire d’un homme qui a guidé Badinter tout au long de ses combats : Emile Zola pour l’enfance, la famille, les premiers pas dans le droit, la lutte contre l’anti sémitisme. Victor Hugo pour l’abolition de la peine de mort et Condorcet pour le réformateur éclairé.
On y voit des photos, des documents, des cartes, des affiches, quelques objets et quelques ouvrages et notamment des feuillets manuscrits du projet de discours prononcé à l’Assemblée nationale, ainsi que la Loi du 9 octobre 1981 portant abolition de la peine de mort.

Elisabeth Badinter, son épouse, dit ceci : « Je pense que la source la plus importante des combats de Robert, c’est son adolescence . Il est resté toute sa vie ce jeune homme coupé en deux, déchiré « . L’exil, la clandestinité, l’arrestation de son père en 43, dont il a longtemps espéré le retour, la déportation de ses proches. Son père qui exigeait que l’on parla français à la maison et que les enfants soient premier de la classe.
Son combat le plus symbolique reste bien sûr, l’abolition de la peine de mort. Le manuscrit préparatoire de son discours à l’Assemblée nationale et les unes de presse comme celle de Libération au lendemain du vote ou celle du Monde ornée du dessin de Plantu « Merci, Robert Badinter », retracent ces journées décisives de septembre 1981. L’abolition de la peine de mort est l’aboutissement d’un combat en tant qu’avocat d’assise, débuté par un procès perdu en 1972, celui de Roger Bontems. Appelé sur six autres procès mettant en jeu la vie des accusés, il les sauvera tous de la mort, dans une défense devenant toutefois toujours plus difficile, et qui suscitera la haine du fait de la pression de l’opinion publique, favorable à la peine capitale, mais aussi à la tendance des jurés de se reposer in fine sur le droit de grâce présidentiel. Il arrivera toujours à retourner les jurés qu’il semble prendre un par un, les yeux dans les yeux, ne se contentant pas de lire purement et simplement ses plaidoiries.
Des photographies aux côtés de Pierre Mendès France et de François Mitterrand rappellent ses alliances et ses fidélités.
Il dira : « Le socialisme en définitive c’est simple. C’est l’amour de la justice et une exigence de solidarité ». Chacun appréciera.
N’oublions pas sa défense des droits des homosexuels, et des droits d’une façon générale. Inlassablement, il ira dans les prisons à la rencontre des détenus pour humaniser leurs conditions de vie, et à celle du personnel pénitentiaire.
Panthéon jusqu’au 8 mars 2026 de 10h à 17h15.