Il est un habitué de la ligne de métro numéro 12 à Paris.
« Bonjour, je sais. Je ne suis pas le premier et je ne serai pas le dernier. La politesse veut que d’abord je me présente. Je m’appelle…Je n’ai pas de travail. Mais ça vous pourriez dire, il n’est pas le seul. Mais en plus je n’ai pas de logement. et ça pour trouver du travail c’est pas possible car il faut par exemple être propre et se laver pour se présenter…etc…… » « Voilà, pardonnez moi pour le dérangement ».
Il commence à circuler entre les bancs du wagon pour mendier et puis s’arrête. « Ah non, j’allais oublier. Aujourd’hui, on ne parle que de « Migrants » partout. » Migrants ». Il n’y en a que pour eux. Moi, j ‘ai pas un rond. Je suis un réfugié dans mon pays. Je peux crever mais tout le monde s’en fout ».
Une demi heure plus tard, rue Saint-Lazare. Il pleut à torrent. Le cheveu dégoulinant, je croise une petite vieille qui tient un parapluie. Elle m’apostrophe : « Bonjour Mademoiselle (?). Vous pouvez me rendre un service ? « . « Il pleut et je n’arrive pas à fermer mon parapluie ». Je la fait répéter car je ne suis pas sûre d’avoir tout bien compris. Et elle répète la même phrase. Alors je réponds : « mais bien sûr Madame » et lui ferme son parapluie. Elle repartira (sous la pluie ! ) après m’avoir dit : « Mais vous allez vous mouiller vous. Vous n’avez rien pour vous protéger! »
Une heure plus tard sur le chemin du retour, toujours sur la ligne 12 mais dans l’autre sens. A la station « Volontaires », je lève le nez de mon quotidien lorsque le métro repart. Et je vois cette scène étrange sur le quai. Quelqu’un debout en train de couper les cheveux d’un homme assis sur un siège à l’aide d’une tondeuse. Un salon de coiffure improvisé dans le métro. C’est vrai qu’il y faisait bien plus chaud que dehors !