à quoi peut servir une coquille d’huître.

Nourrir des poules avec de la coquille d’huître, on connaît. Mais la transformer en revêtement de chaussée, en faire de l’amendement des sols agricoles, ou en s’en service pour la traque du calcaire dans les chasses d’eau, qui le sait ?

La quête de produits éco-conçus amène à découvrir, ou plutôt redécouvrir, mille et un usages aux coquilles d’huîtres, une ressource en abondance. 

A Périgny, près de La Rochelle, de véritables  »terrils » de coquilles d’huîtres, d’une dizaine de mètres de haut, alimentent une imposante machine à trier, sécher, concasser, les coquilles vides, jusqu’au calibre voulu: paillettes ou brisures, micro-brisures, poudre. Une machine elle-même recouverte d’une épaisse couche de poussière de coquillage. 

La société Ovive (CA d’environ 1,5 M EUR) broie des coquillages -principalement des huîtres- depuis plus de 30 ans: 1.000 tonnes de produit fini concassé par an dans les années 2000, 2.000 tonnes dix ans plus tard, et 4.000 escomptées cette année. 

Car le regard change sur ce vestige de table disponible à profusion, grâce aux 130.000 tonnes d’huîtres produites par an en France, premier marché européen. Un intérêt renouvelé qui amuse Jean-Luc Saunier, fondateur d’Ogive:  »les Romains déjà en faisaient de la chaux en les brûlant à 900 degrés ». 

« Depuis des décennies, le monde agricole les réduit en poudre, pour enrichir la terre des champs, et pour nourrir les poules », car le calcium facilite la digestion des graines et améliore la qualité de la coquille d’oeuf. 

- Pourquoi pas du dentifrice ? - 

« Les ostréiculteurs y ont aussi recours pour renforcer les chemins qui les mènent à l’estran », partie du littoral émergée à marée basse où sont situés les parcs à huîtres.  »Et nos grands-mères les utilisaient pour lutter contre le calcaire dans la maison, la coquille attirant et fixant le dépôt calcaire. Ça se fait encore ! », assure M. Saunier, quand même parfois surpris par l’engouement :  »Ce matin on m’en a demandé pour fabriquer du dentifrice ! ». 

Les coquilles filtrent l’air dans les stations d’épuration, au lieu de lits de tourbe, pour piéger les mauvaises odeurs. En Charente-Maritime, en Vendée, elles entrent dans la composition de substrat pour toitures végétalisées. Fin 2020, le département de la Gironde expérimentait l’incorporation de 30%  coquilles concassées, au lieu de sable, dans le mortier pour combler des carrières souterraines. 

En Bretagne, les réalisations sont plus élaborées. La poudre de coquille d’huître intègre des crèmes cosmétiques exfoliantes, des montures de lunettes ou de la peinture pour chaussées. 

- L’huître adoucit les mers - 

Si les coquilles d’huîtres peuvent laisser passer l’eau, elles peuvent aussi en rééquilibrer le pH, le calcaire de la coquille  »fixant » le carbone. Une piste pas anodine, sur fond d’acidification des océans, avérée par les scientifiques depuis le début de l’ère industrielle au 18e siècle. 

« La poudre de coquilles alcalinise l’eau de mer », résume Fabrice Permet, chercheur à l’outremer. Une expérimentation va bientôt débuter pour 3 ans, pour voir si c’est en poudre, ou concassées, que les coquilles seraient plus efficaces.  »Ça ne résoudra pas le problème de l’acidification des océans, reconnaît le chercheur, mais pourrait restaurer des espaces côtiers où vivent les huîtres« . 

La première fois, que j’ai vu un ostréiculteur où l’on peut déguster des huîtres récupérer les coquilles, c’était à la cabane des Jaud dans le Port de Meyran, à Gujan-Mestras, dans le Bassin d’Arcachon.

Non loin de là, à la cabane Bidard, hier, voilà le plat troué en son milieu qui sert à les servir et à les isoler pour les recycler.

Plat pour récupérer les coquilles d’huîtres. Crédit Photo: La Femme Qui Marche.

La Femme Qui Marche avec /AFP.

Soyez le premier à commenter