On n’ira pas jusqu’au baiser voluptueux ! Mais on a tous envie de les embrasser. Catherine Chevillot, la directrice, les architectes, les Cantor, généreux mécènes et tous ceux qui ont oeuvré à la métarmorphose du Musée Rodin, abîmé par l’outrage des ans. Pourquoi ? Pour le bonheur éprouvé …
Trois ans de travaux pour redonner du lustre à cette demeure du XVIII ème siècle habitée par Rodin et par tant d’autres artistes : Isadora Duncan, Matisse, Cocteau, et Rainer Maria Rilke qui indiqua son existence au sculpteur. Ce dernier s’en servit comme lieu de vie et « show room ». Pas comme atelier comme on le croit souvent.
Rodin menacé d’expulsion par l’Etat devenu propriétaire, proposa de lui faire donation de ses oeuvres sous réserve qu’il puisse y demeurer et que le bâtiment devienne un Musée. Un musée « encyclopédique « avec également sa collection d’antiques, ses dessins, des peintures...Rodin, collectionneur ? Accumulateur disent certains…
La sculpture au coeur de la rénovation de l’Hôtel Biron.
Plus de « White Cube « , ces murs blancs qui se voulaient épurés, à la mode dans les années 80. Ils sont remplacés par deux teintes trouvées avec Farrow and Ball en tenant compte des couleurs mises à nue sur des murs au cours des travaux. Un gris vert appelé Grey Blue et un mélange de deux références, qui donnent un gris taupe sans doute inscrit dans le prochain catalogue du fabricant sous la référence Biron Grey. Sur le blanc, les marbres disparaissaient et les bronzes semblaient à contre-jour.
Un parcours chronologique qui n’en a pas l’air.
Au centre des salles sont placées les oeuvres majeures. Les larges et belles fenêtres sont laissées libres. Les sellettes en bois et les vitrines à la périphérie permettent de tourner autour des pièces exposées.
Le nouveau Musée Rodin expose désormais le travail préparatoire de l’artiste. Passionnant et émouvant. Maquettes, terres cuites ou plâtres, ces matières mêmes que le sculpteur a forcément touchées et travaillées de ses mains comme le fait remarquer Marcel Devidse, le chef de projet.
Des tableaux sur les murs se mélangent parfois aux sculptures comme celui d’Edvard Munch intitulé Le Penseur de Rodin que le Musée a acquis en 85. Il est représenté dans le parc du Docteur Linde à Lübeck. Un tableau que Rodin ne vit probablement jamais mais qui montre l’influence qu’il a exercée sur les artistes des pays du nord.
On est ici dans une demeure laissée éclairée autant que faire se peut par la lumière naturelle du jour. Un principe d’éclairage installé pour l’une des toutes premières fois en Europe, salle par salle, oeuvre par oeuvre et qui varie en fonction du temps, de l’heure, et des saisons.
Toutes les oeuvres majeures de Rodin sont là. Seule ombre au tableau. Le jardin va devoir être rénové en faisant table rase des arbres qui dans leur très grande majorité vont devoir être abattus… Pour cause d’état phytosanitaire calamiteux.
L’entrée pour les jardins augmente. Dommage elle passe à 4 euros. ( On pourra me rétorquer que c’est le prix d’un café….Alors on emportera un thermos !!!)
Entrée du Musée 10 euros. Pour plus de tranquillité, choisir la nocturne du mercredi jusqu’à 20 H 45. Mais bien sûr en cette saison, il faudra faire fi de la lumière extérieure.
79 Rue de Varenne. Paris 75007. www.musee–rodin.fr