philipines. la guerre anti drogue de duterte et ses victimes. Les pompes funèbres n’en peuvent plus.

Ne plus aller aux Philippines ?

Les Philippines, Palawan, les rizières…. Nous sommes nombreux à aimer cette destination. Certes le pays est gangrené par les trafics de drogue. Et la population en élisant Rodrigo Duterte comme président a voulu signifié son ras le bol. Il a gagné l’élection en annonçant une guerre antidrogue sans merci qui ferait des dizaines de milliers de victimes. Il avait même plaisanté sur le fait que les pompes funèbres ne chômeraient pas.

Et il a déjà tenu parole. En 6 mois, plus de 2.000 personnes ont été tuées par la police et 3.000 victimes abattues par des inconnus. 

Les choses ne s’arrêteront pas là. Rodrigo Duterte a récemment déclaré qu’il serait « heureux de massacrer » trois millions de toxicomanes. Une politique qui suscite des critiques virulentes, dans l’archipel et à l’étranger. L’ONU et les Etats-Unis, principaux alliés des Philippines, ont dénoncé ces exécutions extrajudiciaires et appelé Manille à respecter les droits de l’homme. Mais si l’on croit les sondages, faut-il les croire ?, les Philippins soutiennent  la croisade présidentielle.

Alejandro Ormeneta travaille comme croque-mort aux Pompes funèbres Véronica Memorial Chapels de Manille. Il n’a jamais eu en effet autant de travail mais il voudrait juste que les tueries s’arrêtent.

Cela ne devrait pas arriver, ce sont des gens, pas des animaux ».

Chaque nuit, M. Ormeneta récupère avec ses collègues cinq corps en moyenne, en général dans les bidonvilles. Nouvelle routine macabre qui le pousse à se poser des questions sur la campagne de répression anti-criminalité du président. Il explique avoir ôté trois grands clous du crâne d’un trafiquant présumé. « Je crois qu’il était toujours en vie quand ils lui ont enfoncé les clous dans la tête. Ca a dû faire tellement mal ».

Il s’est rendu récemment dans l’allée étroite d’un bidonville où un homme a été abattu par des assaillants masqués. La victime sentait encore l’alcool qu’elle avait dû boire avant de mourir. Sa soeur a hurlé quand les policiers ont retourné son corps criblé de balles sur le sol trempé de sang. La police a déclaré que Danilo Bolante, 47 ans, vendait du shabu, la méthamphétamine bon marché qui détruit la société selon M. Duterte. Mais sa soeur assure que son frère avait arrêté son trafic et qu’il s’était dénoncé à la police dans le cadre de la campagne lancée par M. Duterte pour inciter trafiquants et usagers à se « réformer ».

 

 

Même s’ils sont très occupés, les croque-morts ne s’enrichissent pas forcément. Nombres de familles sont trop pauvres pour payer les funérailles. « Je ne sais pas comment on va faire parce que je n’ai pas de travail », dit Mme Balina, après avoir accepté chez Veronica un package à 62.000 pesos (1.160 euros) pour l’embaumement, le cercueil et les obsèques de son frère.

les tarifs vont de 18.000 à 400.000 pesos, précise  le directeur.Il propose souvent des rabais et les familles mendient parfois des cercueils gratuits auprès des cimetières.

« Je ne sais pas si pathétique est le bon terme mais ils font vraiment pitié. Et nous souffrons également car nous devons pratiquer des prix très bas ». Certaines familles, par peur ou par manque de moyens, ne réclament jamais le corps. Après deux à trois mois, ils sont enterrés aux frais des croque-morts.

Lutte contre la drogue mais pas contre la corruption ?

La profession est aussi en butte à la corruption : certains policiers exigent des pots-de-vin pour informer les entreprises des décès, ce que Duterte sait bien, lui qui avait même plaisanté à ce sujet pendant la campagne: « Ces policiers sont des polissons. Ils appellent les pompes funèbres pour dire +il y a un corps+ ». Je passerai demain prendre ma commission ».

Pratique ancienne qui alourdit le fardeau des familles….Il faut l’ajouter à la facture.

Pour M. Ormeneta, catholique, père de quatre enfants, qui fait ce métier depuis 18 ans, le bilan émotionnel est lourd. Pour lui, les petits dealers ne méritent pas la mort. « Ils sont victimes de la drogue. Ils ont dû gagner leur vie pour éviter la faim, peut-être pour leurs enfants. On aurait dû leur donner une chance. Ce n’est pas ça que dit la Bible? Tu ne tueras point? »

la Femme Qui Marche avec AFP.

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