Sortie du théâtre, la pièce terminée. Derrière nous, les élèves très attentifs d’une classe de seconde qui ont assisté à la représentation du « Jeu de l’amour et du hasard » : un grand dadais se tourne vers un de ses copains et lui dit : « ouais c’était bien d’accord mais pourquoi prendre tout ce temps. Quand tu veux pécho, t’as pécho »….C’était très mignon et très drôle !
Voilà donc une super version du « Jeu de l’amour et du hasard « , modernisée, années sixties , rajeunie, colorée, aux accents de jeunesse et qui pétille… Tout le monde garde en mémoire le texte de Marivaux mais rappelons en quand même l’intrigue.
Deux jeunes qui ne se connaissent pas et que les pères ont décidé de marier imaginent le même stratagème. Prendre la place de leurs domestiques
Photo : Karine Letellier
pour pouvoir examiner à loisir et sans qu’il ou elle s’en doute celui ou celle à qui on le ou la destine. Et afin d’espérer être aimé (e) pour ce qu’il ou elle est en dépit des convenances sociales.
La scène se passe chez Monsieur Orgon, le père de Sylvia, la jeune fille. Son fils Mario est dans le confidence. S’en suivent bien sûr toute une série de quiproquos et de rebondissements jusqu’au triomphe de l’amour….Amour entre les deux promis et les domestiques, chacun restant dans son rang lorsque le pot aux roses est découvert.
Bravo aux acteurs quoique ce soir là, et même si l’on comprend l’intention du metteur en scène, la complicité entre Mr Orgon et son fils a semblé trop précieuse. Et un coup de chapeau aux vidéos qui viennent rythmer la pièce avec un humour désopilant.
Note d’intention de Salomé Villiers, metteure en scène :
« Le propos de Marivaux résonne en moi de par ses personnages forts de caractère, pris au piège entre leurs désirs profonds, désirs d’amour ou de reconnaissance, et les règles de la bonne société. Tout en glissant peu à peu vers la critique sociale, nous ouvrons le bal sur une révolution féministe pour conclure par les prémisses d’une révolution humaniste. Peut-on dépasser les codes d’une condition et accéder à la classe supérieure ? Le retour cruel à l’équilibre naturel ne profite qu’aux nobles, bien soulagés de se reconnaître sous le masque des pauvres. C’est là que se trouvent l’amertume et la cruauté derrière la douceur du romantisme car les sentiments amoureux sont en accord parfait avec le jeu des conventions sociales. »
Photo : Karine Letellier
Pour regarder la Bande-Annonce du Jeu de l’amour et du hasard :
Mise en scène : Salomé VILLIERS Assistée de : Lisa DE ROOSTER Vidéo : Léo PARMENTIER.
Salomé VILLIERS (Silvia) Raphaëlle LEMANN (Lisette) Philippe PERRUSSEL (M. Orgon) Bertrand MOUNIER ou Pierre HELIE (Mario) François NAMBOT (Dorante) Etienne LAUNAY (Arlequin)
Vite vite Réservations : Théâtre Michel 38 rue des Mathurins 75008 Paris. Jusqu’au 6 Mai. jeudi au samedi 21 heures. samedi et dimanche 16h15
Avec le Horla de Guy de Maupassant, le Théatre Michel change complètement de registre. Et nous avec. Nous assistons à la descente aux enfers d’un homme qui sombre lentement mais sûrement dans la schizophrénie, persuadé qu’un être invisible le suit pas à pas et se nourrit de lui quand il dort. C’est à travers son journal intime que l’on découvre les tourments de cet homme qui par ailleurs paraît sain d’esprit. Et c’est là sans doute le plus troublant. La pièce est étrange.
D’ailleurs voilà ce qu’écrivait Maupassant, peu avant la publication du « Horla ».
J’ai envoyé aujourd’hui à Paris le manuscrit du Horla; avant huit jours, vous verrez que tous les journaux publieront que je suis fou. […] C’est une oeuvre d’imagination qui frappera le lecteur et lui fera passer plus d’un frisson dans le dos car c’est étrange.
Une « performance » d’acteur pour Florent Aumaitre, seul sur scène, donnant à voir comment peut s’exprimer la schizophrénie et servi par une mise en scène ciselée au couteau de Slimane Kacioui.
Réservations Théâtre Michel. 38 rue des Mathurins. 75008. Jusqu’au 26 Mai. 19 H. dimanche 16 H 30.
Note du théâtre : depuis sa première représentation en 2011 au Théâtre De Bayeux, le succès du Horla, ne s’est pas démenti. Du Théâtre du Petit Hébertot, en passant par le Festival d’Avignon en 2013, 2014 et 2016, et à travers toute la France à la rencontre de publics scolaires (du collège aux prépas littéraires).