2021 marque un double anniversaire : le bicentenaire des débuts de la guerre de Libération de la Grèce, (fixés au 25 mars 1821) et, le même mois de la même année, le 1er mars, l’entrée au Louvre de la Vénus de Milo, découverte un an auparavant, en avril 1820.
Une coïncidence qui questionne la place particulière de l’art grec antique dans les collections du Louvre et, au-delà, la vocation singulière de la Grèce dans la constitution de l’identité culturelle de l’Europe et particulièrement de la France.
La renommée et la fascination pour l’antiquité grecque continuent pourtant d’occulter la connaissance de la Grèce moderne, que les Français commencent à redécouvrir à partir du XVIIe siècle, et dont la naissance en tant que nation au XIXe siècle est profondément déterminée par l’essor de l’archéologie scientifique et par le néoclassicisme français et allemand.
L’exposition met ainsi en évidence les liens culturels, historiques et artistiques noués entre les deux nations, qui ont conduit à la définition de la
Grèce moderne.
Paris-Athènes. Naissance de la Grèce moderne 1675-1919 suit un plan chronologique, scandé par huit moments clefs.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les ambassadeurs en route vers la Sublime Porte (gouvernement du sultan de l’Empire ottoman à Constantinople) découvrent en Grèce une province ottomane, qui intéresse vivement les artistes et intellectuels.
En 1821, la guerre d’indépendance grecque, soutenue militairement et financièrement par certains pays européens, suscite un enthousiasme populaire.
Libérée en 1829, la Grèce proclame Athènes comme capitale en 1834.
La défense du patrimoine national grec entraîne une collaboration européenne qui se traduit notamment par la création d’instituts archéologiques, comme l’École Française d’Athènes en 1846, qui sont à
l’origine d’un bouleversement des connaissances sur
le passé matériel de la Grèce.
L’exposition entend pour la première fois croiser cette histoire de
l’archéologie avec l’histoire du développement de l’État grec et des arts modernes. Les fouilles de Délos, de Delphes ou de l’Acropole sont à
l’origine de la redécouverte d’une Grèce colorée très éloignée des canons du néoclassicisme.
À la fin du XIXe siècle, les grandes Expositions Universelles de Paris en 1878, 1889 et 1900 donnent à voir un nouvel art grec moderne, marqué par la reconnaissance de l’identité byzantine et orthodoxe de la Grèce.
L’exposition se conclut avec des œuvres du groupe grec Techni, proche des avant-gardes européennes, qui expose à Paris en 1919.
« ARCHITECTURE ET URBANISME ».
L’urbanisme de la nouvelle ville d’Athènes s’inspire largement de la Munich imaginée par l’architecte Leo von Klenze (1784-1864). Les architectes du premier roi de Grèce Othon Ier (1833 -1862), de formation néo-classique, ont tout à inventer : palais, parlement, bibliothèque, musées, quartiers d’habitation, places…. Ils empruntent largement pour les bâtiments publics et les maisons leur vocabulaire à l’Antiquité classique.
Pour les églises – la nouvelle cathédrale d’Athènes, la Grande Métropole, par exemple – ils puisent dans un répertoire néo-byzantin inspiré de Sainte-
Sophie de Constantinople et de Saint-Marc de Venise : décors de mosaïques, coupoles…
« L’ÉCOLE FRANÇAISE D’ATHÈNES ».
Créée en 1846, l’École française d’Athènes a pour objet de promouvoir les études sur la langue et la civilisation grecques par de jeunes chercheurs
français. C’est le premier institut français créé à l’étranger. Les « Athéniens » – ses pensionnaires – séjournent en Grèce un à quatre ans, perfectionnent leurs connaissances littéraires de l’Antiquité tout en assurant les jurys des diplômes des écoles d’Orient et en donnant des cours de français à la jeunesse de la capitale grecque. Peu à peu les opérations de terrain prennent de l’ampleur : missions d’exploration, fouilles, production de corpus.
La première fouille systématique a lieu à Santorin en 1870 puis suivent
la fouille de Délos (1873 sur le mont Cynthe, 1877-1880 dans le sanctuaire d’Apollon, 1904-1914), la « Grande Fouille de Delphes » (1892-1903), celles
de Thasos (1911), Philippes (1914)…contributions majeures à l’archéologie grecque naissante.
La Grèce indépendante a bénéficié très vite du succès de nouveaux moyens de diffusion qu’autorisent de nouvelles technologies. Dès l’invention de la photographie en 1839, de nombreux artistes font de la Grèce un sujet. Les
premières techniques demandent un matériel encombrant et un temps de pose conséquent.
Joseph-Philibert Girault de Prangey (1804-1892) est le premier à s’emparer d’un daguerréotype pour immortaliser des vues de Grèce. De nouvelles
techniques, plus légères et plus rapides, facilitent ensuite le voyage des photographes. De nombreux studios s’installent en Grèce et des photographies et des albums sont vendus pour un premier public
d’amateurs et de touristes.
Voulant développer une imprimerie et favoriser l’essor d’une littérature moderne, le jeune État se trouve confronté à l’épineuse question de la mise
au point d’une langue grecque moderne. Des débats opposent les partisans du grec ancien et ceux de la dimotiki, la langue populaire. Les lettrés français participent à l’élaboration de cette nouvelle langue. Firmin-Didot crée les premiers caractères d’imprimerie grecs ; les traductions de grands ouvrages anciens et modernes contribuent également à alimenter ces réflexions sur la langue grecque.
Exposition jusqu’au 7 Février 2022 au Louvre. Hall Napoléon.
Paris-Athènes ou Naissance de la Grèce Moderne (1675-1919).
Catalogue sous la direction de Jean-Luc Martinez, assisté de
Débora Guillon.
Coédition : Louvre éditions/ Hazan.
560 illustrations, 504 pages. Format : 24,4 x 28,5 cm.
39 € .
Album 48 pages, 50 illustrations. Format : 24,4 x 28, 5 cm.
8 € .
Source : dossier de presse de l’exposition.