Depuis longtemps, les habitants de l’ile Saint-Germain à Issy-les-Moulineaux, entretiennent des rapports singuliers et chaleureux avec leur facteur, à part quelques épisodes malheureux.
Dans les années 70-80-90, c’est Pascal qui distribuait le courrier le matin. Un grand escogriffe, un brin brut de décoffrage, très consciencieux, qui sonnait toujours pour dire qu’il avait soif…Soif d’eau….
L’après-midi, souvent, il distribuait des publicités. Alors, il emmenait avec lui, le mercredi, Roman qui devait avoir 7 ou 8 ans et qui avait le droit de l’aider. Pascal le laissait glisser les prospectus dans la boîte aux lettres et le rêve de Roman, à cette époque, était de passer un Bac « d’aideur ».
Lorsque sur le tard, Pascal a convolé, ce sont les riverains de l’ile qui ont offert leurs alliances aux jeunes mariés.
Pascal parti à la retraite, on l’a pleuré.
Changement brutal. Le jeune facteur qui l’a remplacé disait à peine bonjour. Et débordé par l’ampleur de sa tâche, mais avec la volonté de partir à l’heure, il avait rarement le temps de finir sa tournée. Certains habitants pouvaient se voir ainsi privés de courrier pendant plusieurs jours. Officiellement, il n’avait pas le droit de commencer par la fin pour y remédier…..
Et puis, devant les réclamations, Véronique est arrivée. La crème des facteurs factrices depuis 18 ans. Véronique, Bretonne, motarde, hyper professionnelle, toujours gaie et prête à rendre service, et aimant beaucoup voyager. Véronique fait toujours carton plein au moment des fêtes de fin d’année. Elle prévient avec un petit mot qu’elle passera pour ses étrennes.
Mais cette année, quelle haine, quelle violence..
Certes, son petit mot annonçant son passage, elle l’a distribué et apposé dans les halls d’immeuble un peu tôt.. Enfin, plus tôt que d’habitude, vers le 15 novembre. Mais, que voulez-vous, Véronique a prévu d’aller passer deux semaines, à cheval sur les deux derniers mois de l’année, à Hammamet en Tunisie. Et elle a pris les devants.
Qui pourrait lui en vouloir d’autant que l’on donne ce que l’on veut…
Il s’agit sûrement d’un nouvel arrivant qui ne la connaît pas pour lui reprocher en plus de ne pas sonner pour distribuer les recommandés. Ce n’est pas du tout son genre.
Un nouvel arrivant dans l’immeuble ?
Oui, elle est persuadée qu’il s’agit d’un homme qui a pris la peine de griffonner ces commentaires haineux et incompréhensibles. Elle veut le démasquer. Elle y arrivera car tous les occupants sont acquis à sa cause. En réponse, le président du conseil syndical y est même allé, lui aussi, de son petit mot dans le hall, mais pour rectifier la vérité.
Les petites choses de la vie quoi !
