Jacques rigaud : 10 ans après sa disparition, ses amis se souviennent. rtl. Pilat. addpm.

Il y a 10 ans, le 6 décembre 2012 précisément, mourait Jacques Rigaud. 10 ans après, ses amis, entourés de ses 3 enfants, se sont réunis pour évoquer sa mémoire, chez Savy, le restaurant mythique de la rue Bayard.

Rue Bayard synonyme jusqu’à peu de la radio RTL, de ses bureaux et de ses studios, avant qu’elle ne déménage à Neuilly.

Noeud papillon, tiré à 4 épingles, homme de culture, Jacques Rigaud n’avait pas tout à fait le look des patrons de presse. Il sera resté durant 20 ans celui de RTL. Enarque, haut fonctionnaire et membre du Conseil d’Etat, il a eu l’occasion d’expliquer à son départ que c’était « précisément le grand public » qui lui avait plu dans cette aventure : « J’ai joué à fond le jeu d’une grande radio commerciale, tout en maintenant une exigence de qualité ».

Membre de plusieurs cabinets ministériels, certains diront qu’il a joué un rôle plus important que le ministre notamment à la culture. Le mécénat d’entreprises, en particulier culturel, lui doit beaucoup. Il a été l’un des premiers à y croire et à construire ses fondations. A ce titre, il a présidé pendant 28 ans, l’Admical, l’association chargée de le promouvoir.

Mais Jacques Rigaud aura été d’autres combats. Et les habitants de Pyla sur mer, du Pilat, dans le bassin d’Arcachon, lui doivent beaucoup. Ceux qui ne le connaîtraient pas doivent s’en souvenir.

Pilatais d’adoption, il s’est beaucoup investi dans la défense de la station balnéaire, au sein de l’ADDPM, l’association de défense de Pyla sur mer. Il habitait une maison avec vue imprenable sur la mer, l’océan et les passes.

« J’ai le désir de venir sans cesse sur le Bassin. Il m’offre un sentiment unique de plénitude, un sentiment d’espace rarement rencontré en Europe. Il nous faut protéger ce capital collectif et humain. La solitude ici n’est jamais un isolement ».

Jacques Storelli, aujourd’hui président de la Ceba, coordination environnement du Bassin d’Arcachon, se souvient des moments partagés.

Enfant du Sud-Ouest, Jacques a connu le Pilat dès sa première jeunesse.
Est alors née une tendresse magnétique pour la poésie du lieu, ses lumières, quelques
furies hivernales, ses coutumes et son art de vivre.

Le tourbillon de la vie parisienne de Jacques ne parvint jamais à perturber le rituel
métronomique de ses séjours Pilatais au gré des « quatre saisons ».

Bien au contraire, retrouver le plus souvent possible sa « Vigie » (petit bureau donnant sur
le Bassin) pour y écrire, constituait pour l’homme occupé une respiration vitale ; peu ont
eu le privilège d’accéder à ce saint des saints, y compris ses petits enfants.

Il nous plaisait de comparer nos nombres annuels de « nuitées » Pilataises.

Sur la base de scores impressionnants, nous avons pu multiplier nos activités partagées au
service du Bien commun du Bassin d’Arcachon :

  • activités associatives pour la défense du site, dont la conduite de contentieux de droit
    public en matière d’urbanisme et d’environnement,
  • émissions hebdomadaires de radio légendaires sur la fréquence locale « Radio Côte

d’Argent » intitulée « Sortie de plage » ; le tour de table généralement composé de Jean-
Louis Debré, Michel Leeb, Bernard Montiel, Xavier Darcos, Jean-Marie Cavada, Jean-
Pierre Pierre-Bloch, et de quelques chefs d’entreprise ou élus locaux, a laissé des souvenirs mémorables,

La célébration du premier jour de janvier commençait par un bain de mer sur la plage
affectionnée de Jacques, à Haitza ; s’en suivaient foie gras et Sauterne, au coin du feu,
agrémentés de quelques bons mots ponctuant cette communion annonciatrice.

Nous avons partagé d’autres nourritures plus culturelles, celles des Journées de Malagar.

Jacques m’a fait l’amitié de m’associer aux fameuses projections privées mensuelles à
RTL dont François Nourissier, Hélène Carrere d’Encausse, Nadine de Rothschild, et Yves
Simon, figuraient au nombre des habitués ; Jacques, face au public, « introduisait » le pitch
avec un plaisir indicible, parfois teinté de malice, toujours impressionnant de richesse et de
profondeur.

Et dans ces moments-là, je me demandais comment pareil esprit d’exception, au sommet
de son Art, pouvait supporter la longueur des assemblées générales associatives Pilataises,
au cours desquelles, quelque élu ou adhérent, nous imposait de longs développements sur
la couleur des poubelles, ou la défaillance d’un réverbère !

Mais Jacques s’incarnait à ce point au Pyla, que rien n’a pu le faire douter.

Chaque année, devant plus de 400 Pilatais, « bouclant » le propos du président de
l’association, il nous parlait de la pinède où jouaient ses enfants et petits-enfants, et de
l’impérieuse nécessité de chérir et préserver la Nature du lieu, sans se laisser trop séduire
par les marchands du temple.

Pour témoigner de son indéfectible attachement, Jacques choisit de demeurer au cimetière
d’Arcachon.

A Pilat
Le 9 mars 2023
Jacques STORELLI

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