Dans les allées bondées de la FIAC, (la Foire Internationale d’art contemporain) dimanche après-midi, bondées et surchauffées par la verrière ensoleillée du Grand-Palais, j’ai pensé à François-Xavier et Claude Lalanne. L’histoire est connue des amateurs mais je la tiens du couple lui-même, un jour de visite dans leur maison non loin de Fontainebleau. Souvenir gravé.
Nous sommes en 1966, au salon de mai à Paris. La vieille de l’ouverture, la mouche-chiotte de François-Xavier trône superbe et majestueuse à l’entrée de la manifestation. Le lendemain, les organisateurs l’ont chassée et reléguée en dehors de l’enceinte du salon. Elle était devenue pestiférée. On avait frôlé le scandale scatologique. Représenter une cuvette sous forme de mouche à merde, et puis quoi encore !
Pourtant, quelqu’un de non averti, le couvercle rabattu par rapport à la photo, aurait pu la prendre pour une simple sculpture : cuvette en porcelaine bleu-nuit, lunette en palissandre de Rio, ailes en altuglas, abattant en laiton platiné ; François-Xavier Lalanne avait pensé à tout. Même au livre qui se glisse dans l’épaule pour ne pas s’égarer, même au papier toilette que l’on range dans la tête. Mais il était coupable d’avoir osé imaginer que l’on pouvait trouver un usage à une oeuvre d’art..
Et pourquoi ai-je pensé aux Lalanne ?
En voyant cette oeuvre que l’on doit aux sculpteurs Dewar and Gicquel : Stoneware Pitcher and Bassin Wash set numéro 4 dans le stand de la galerie Micheline Szwajcer.
Et cette oeuvre aussi en tissu, proche du tulle me semble-t-il, enfermée dans une boite transparente. L’artiste, Do Ho Suh recrée les pièces d’un appartement et des objets domestiques. Il s’agit d’un coréen de 55 ans. (135 000 Euros). Mais nous sommes en 2014 !