prendre son pied en se faisant gratter et nettoyer l’oreille.

Les Japonais n’auront que faire d’une éventuelle interdiction de coton-tiges dans leur pays. Ils ont depuis fort longtemps développé un type de nettoyage auriculaire assez particulier qui correspond à l’une de leurs pratiques sexuelles ou sensuelles préférées !

Elle remonterait à l’ère Edo, entre le XVIIe et le XIXe siècle. Une geisha se serait servi de l’un des pics plantés dans ses cheveux pour se gratter l’oreille et en aurait retiré un certain réconfort. Un geste si raffiné qu’il aurait imposé la mode dans tout l’empire. Une pratique qui, avec le temps, a été nommée le mimikaki : « Mimi » pour oreille et « kaki » pour nettoyage.

Le Japon a développé son propre style de nettoyage auriculaire. Ni coton, ni eau de mer, ni bougies à la cire, mais des pics en bambous d’une dizaine de centimètres.

Toujours la même structure avec un bout façon râteau crochu pour récupérer le maximum de cire, mais le style du pic varie : métal, plumeau, avec des effigies…. Les Japonais ont crée un marché du mimikaki.

Il faut savoir que les Japonais détiennent une particularité : leur cire dans l’oreille est sèche, floconneuse, un peu comme des miettes, ni grasse ni humide. Une différence dont on connaît l’origine depuis qu’en 2006 une équipe de chercheurs japonais a décrit la variation génétique responsable de la différence de texture du cérumen (sur le gène ABCC11), qui joue aussi un rôle dans l’architecture de nos odeurs corporelles).

Rituel intime

«Can I clean your ears?» Enveloppée dans un kimono haregi bleu, à genoux, comme pour la cérémonie du thé, Ayakamay pratique le mimikaki en pleine rue.

À Tokyo, New York ou Paris, cette artiste américano­-japonaise installe son tapis rouge sur les trottoirs. Le passant  s’allonge sur le flan et pose sa tête sur ses genoux. Elle choisit le stick le plus adapté, parmi une quinzaine, coincés dans sa ceinture.

Avec le mimikaki, elle entame le grattage profond pour mieux ramener le cérumen, qu’elle essuiera sur un tissu tenu par son autre main.

«Avec ma tenue, j’incarne la mère, l’enfant et l’amante en même temps, pour que les passants puissent se projeter dans la sphère intime».

Le nettoyage terminé, Ayakamay utilise le plumet du stick pour épousseter les dernières saletés logées à l’entrée de l’oreille. Puis vient le «pff», un léger souffle qui termine le nettoyage et précède un léger massage du cartilage externe. Souvent, elle doit réveiller son cobaye.

mimikaki being used

 Au Japon, jusqu’à une époque récente, le mimikaki était un soin prodigué par la mère.
« Les premières années de la vie bénéficient d’une indulgence qui nous semble illimitée: le père est lointain, intermittent, mais la mère se doit d’être jour et nuit au service du bébé. Une dépendance très étroite s’établit, une véritable symbiose», note en 1983 Maurice Pinguet, dans la revue Débat. «Le paradis fusionnel de la première enfance reste inscrit dans le psychisme, idéalisé par la mémoire en un moment de pure harmonie.»

«La pratique s’est libéralisée dans les années 2000 suite à la suppression de la loi qui imposait un diplôme médical pour pratiquer le mimikaki», affirme de son côté ,Julien Bouvard, chercheur en histoire de la culture japonaise contemporaine à l’université Lyon 3.

Le lavage d’oreille sort de la clandestinité familiale et des instituts pour venir compléter la gamme des plaisirs des maid cafés, ces bars où des serveuses vêtues comme des soubrettes «jouent» avec les clients.

«Elles peuvent proposer un mimikaki au milieu d’autres prestations, comme une partie de jeux vidéos ou une heure de hizamakura (littéralement, la tête sur les genoux)».Pour lui, le mimikaki s’inscrit dans «une culture de l’affection tarifée», qui peut être une porte d’entrée vers la prostitution.

Pour en savoir plus : http://www.slate.fr/story/151901/mimikaki-japon-oreilles

La Femme Qui Marche avec / Slate.

 

 

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