On n’a plus guère l’habitude et cela fait du bien. Le rideau se lève sur un long silence. Mais paradoxalement on pense très vite à cette oeuvre picturale très puissante qu’est le cri d’Edvard Munch. Une femme que l’on devine d’emblée négligée et abandonnée se tient assise sur un divan orange sur lequel est braqué l’éclairage de la scène.
Ses premiers mots : « les cons ! »
Elle s’allonge et tourne le dos au public ,dans un premier temps, pour se lancer dans un long monologue qui s’en prend à la terre entière. Elle a tout perdu : son mari, la garde de son fils, sa fille qui s’est suicidée, son job sans doute, ses amis sans doute également.
Bref elle a tout raté et ressasse, seule en ce 31 décembre, ses malheurs dont elle attribue la faute uniquement aux autres, probablement avec sincérité.
Dans « la Femme Rompue » Josiane Balasko interprète un texte poignant de Simone de Beauvoir, le monologue d’une femme blessée et malheureuse de n’avoir pas pu trouver un rôle à jouer dans la société. Les mots sont crus, violents, (je m’en branle…), haineux, empruntés au vocabulaire masculin mais il ne choque plus aujourd’hui. Et il n’est pas du tout sûr que la philosophe ait brossé le portrait d’une femme d’un temps passé.
Un coup de chapeau à Balasko qui joue sans fard, allongée pendant plus d’une heure sur ce divan. Une performance et une réussite.
Avec Josiane Balasko
Mise en scène Hélène Fillières
Costumes Laurence Struz
Scénographie Jérémy Streliski
Création musicale Mako
Assistante à la mise en scène Sandra Choquet