C’est l’histoire de Camille, une fillette autiste de 10 ans, déficiente visuelle qui refusait pratiquement toute alimentation jusqu’à ce que Serge, cuisinier dans un Institut -médico-éducatif s’en mêle. Et voilà ce que cela donne.
La recette s’appelle « Le riz-rire de Serge pour Camille ».
1 volume de riz étuvé blanc. 1 cube de bouillon. 1 pincée de sel et 3 volumes d’eau. On faire cuire le tout 20 minutes dans de l’eau bouillante. Ce plat est mangé 5 fois par semaine et n’est pas substituable, servi tiède dans deux assiettes différentes qui font office d’entrée et de plat principal.
Aucun grain de riz ne doit toucher un autre grain. Camille s’en assure du bout de sa fourchette et les sépare si besoin est avec ses doigts ou son couteau. Dans sa bouche, le riz ne doit toucher ni le palais ni les dents.
Le contexte:
Pour que Camille accepte de manger, il faut qu’un éducateur ou une éducatrice, assiste en face d’elle et mange en silence sans prononcer les mots qu’elle juge absurdes » Bon appétit ». Il peut éventuellement dire « Bon riz ».
C’est l’histoire de Milo qui aime manger mais qui n’aime pas les goûts mélangés. C’est l’histoire de Stéf qui ne tolère ni assaisonnement, ni aliment cuisiné et qui a inventé une jolie recette d’aliments crus où il associe de jolies couleurs : viande de cheval crue, crevettes, tomates cerises jaunes, avocat et fromage de chèvre sec de type cabécou. C’est l’histoire d’Ewan qui ne supporte ni les aliments blancs ni les consistances molles ou mixées et de sa maman qui a inventé une recette de quenelles roses car il est très sensible aux couleurs. Ou celle de Michael qui ne peut manger que du chocolat d’une même marque et avec la même couleur d’emballage.
Ce livre « Je cuisine en jour bleu » qui réunit des recettes d’autistes parfois très gourmets, leurs témoignages et ceux de leurs parents, ceux des professionnels qui s’en occupent, est bouleversant. Bouleversant et passionnant sur les ressorts de l’alimentation et des parents nourriciers.
Amandine Rochedy, sociologue, préfère évoquer les « particularités alimentaires « de ces enfants autistes en opposition à celles de troubles ou de problèmes. Ces comportements plus intenses et plus durables que chez les autres enfants et qui s’ajoutent à d’autres problèmes de développement dans les domaines du sommeil, de la communication ou encore de la motricité.
Un livre à mettre dans toutes les mains y compris et surtout celles des mamans qui se plaignent, du genre débordées par rien. Mais il servira tout simplement à faire la cuisine avec les enfants et à développer leur imagination culinaire, à leur apprendre la différence. Merci à leurs auteurs. ( Le bleu est la couleur de l’autisme comme le rose celle du cancer du sein).
Je cuisine un jour bleu. Editions « Terre Vivante ». Josef Schovanec et Claude Carat. 21 Euros.