C’est l’une des premières oeuvres que l’on voit en entrant dans l’exposition « les Mains sans Sommeil » au Palais de Tokyo à Paris : un fil d’argent court sur 12 mètres…Mais de quoi peut-il bien s’agir ?
Clarissa Baumann défie les gestes et le savoir faire de la manufacture Puyforcat spécialisée dans l’orfèvrerie. Elle questionne les limites de la matière en prenant le risque que le matériau disparaisse. Le matériau ? Ici une cuillère en argent qu’elle a étirée, étirée, grâce à des outils spéciaux et qui est devenue ce fil d’argent. Les artisans de la maison eux-mêmes n’en sont pas revenus de cette longueur qu’elle a réussie à extirper .
L’artiste brésilienne fait partie des 9 plasticiens en résidence dans les manufactures Hermès, invités à explorer leur savoir-faire d’exception. On leur a demandé de créer une oeuvre inédite à partir de matériaux singuliers dont se servent les artisans et c’est elle qui est exposée.
Dans un tout autre genre, le travail de Bianca Argimon s’avère tout aussi remarquable. Elle a séjourné en résidence au sein de la Holding textile Hermès. Au départ, elle crée un dessin qui représente le jardin d’Eden mais loin de sa vision idyllique. Elle en décline le motif en décomposant les formes et les couleurs qu’elle a reproduites sur de la mousseline de soie, certaines suspendues, dans un jeu de transparence et de superposition.
Des chaussures, des chaussures de cuir. 105 paires au total, si semblables et si différentes. Anastasia Douka a séjourné en résidence chez John Lobb et ne soupçonnait pas la richesse du travail artisanal à l’origine des souliers de cette manufacture anglaise. La plasticienne les a réalisés en interrogeant chaque artisan sur ses goûts. Chacun a eu « sa »paire…
Il faudrait aussi évoquer le travail de Dh Mcnabb en résidence au sein de la cristallerie Saint-Louis. Il a réalisé notamment des formes géométriques qui répondent à un enjeu particulier comme celui de retenir un faisceau lumineux dans une pyramide ou inscrire une bulle au coeur d’un pavé…Un très joli travail du verrier américain…
Crédit : Photo Tadzio © Fondation d’entreprise Hermès