Ces affichettes collées à l’entrée de certains immeubles parisiens depuis quelques jours glacent le sang. Elles signalent que des adolescents, des enfants, voire des bébés juifs ont vécu ici avant d’être arrêtés et déportés entre 1942 et 1944. Elles rendent palpables ces atrocités que l’histoire nous a révélées.
Ces affichettes que j’ai vues dans Paris pour la première fois hier, par hasard, rue Monge dans le Vème arrondissement et rue Pierre Charron dans le VIII ème, évoquent la disparition de un, deux, voire trois jeunes, souvent plusieurs membres d’une même famille. Mais comme le raconte le documentaire de Ruth Zylberman, il faut savoir que parfois ce sont des dizaines d’enfants qui ont été raflés au même endroit, comme cela s’est passé au 209 rue Saint-Maur.
C’est après l’avoir visionné que l’Union des étudiants juifs de France a eu l’idée de ces collages, près de 3000 actuellement dans Paris. Elle s’est servie pour cela du fichier de Serge Klarsfeld, historien et chasseur de nazis, qui a recensé toutes les adresses des immeubles concernés.
Alors bien sûr, on se dit que l’on est passé des dizaines de fois devant ces portes sans rien en savoir. Que l’on habite un immeuble où se sont déroulées tant d’atrocités. Et on s’interroge : « Les enfants se doutaient-ils de quelque chose quand ils ont été arrêtés. Qu’étaient-ils en train de faire ? A qui ressemblaient-ils ? »
Ces affichettes, on les voit en grande majorité mais pas seulement dans les quartiers de l’est de Paris et du Marais avec cette horreur affichée au 58 rue Crozatier dans le XIIème arrondissement où 45 enfants juifs ont été arrêtés. Sur les murs de l’hôpital Rothschild, la grande partie des enfants dont on voit le nom n’avaient pas un an.
Noémie Madar, présidente de l’UEJF :
« Ces plaques commémoratives servent aussi à rappeler que la haine des juifs mène à la mort, au travers du génocide mais également des nombreux crimes et attentats antisémites que l’on a connus ces dernières années » . (Libération)
Passant, souviens toi de leur nom.