Comme Niki de Saint-Phalle dont la rétrospective commence au Grand-Palais, Daniel Clément, autodidacte, se revendique du Facteur Cheval dont il est fan. Indépendamment de tout courant artistique, celui qui se fait appeler “Clémentine “, toute la journée, casse des verres. Des verres clairs de 3 millimètres d’épaisseur. Pas un de plus. Pas un de moins.
Qu’en fait-il de ces petits bouts de verre ? Comme une marqueterie, il en habille des meubles.
Pendant longtemps, il s’est fourni en meuble aux Puces ou chez l’abbé comme il dit. (ndlr l’Abbé Pierre ). Aujourd’hui, il les fait fabriquer en Allemagne selon ses propres croquis pour qu’ils ne soient que très peu galbés. Il s’est simplifié la vie. Il ne garde jamais de grande surface. Il miniaturise. Il coupe. Il coupe. Il coupe ces verres mouillés de white spirit, avec une roulette. Mais ce n’est pas elle qui les casse. C’est le son qu’elle émet. Pas le moindre petit espace laissé au hasard.
Daniel Clément travaille à plat. Comment fait-il ensuite pour passer de l’aplat au meuble ?
C’est son secret. Il ne le dira pas. En revanche, loquace, il explique comment il positionne ces petits bouts de verres géométriques. Comment il les colore pièce par pièce et par l’arrière avec des peintures industrielles vendues pour les écoles. Mais il conçoit sa propre mixture en y ajoutant pas exemple des gouttes de sang de boeuf ou des paillettes. Daniel Clément affirme que jamais une couleur semblable en croise une autre, qu’elles sont toutes différentes.
Après avoir “habillé” un “Pleyel”,( 9 mois et 15 jours de travail) après avoir imaginé un sarcophage, (référence au cercueil du Facteur Cheval ?), Clémentine se montre plus sage. Avec des pièces à taille humaine. Aujourd’hui il termine une série de boites à cigare pour Davidoff. Il en aura décoré 45 en tout. 2500 à 3 000 pièces de verre pour une seule d’entre elles. Son galériste Fifo Stricker a compté qu’il en fallait 60 pour concevoir un carré de 10 cm.
“Davidoff”, dit-il, “m’a apporté beaucoup pour mon travail d’artiste”.
oettingerdavidoff.com www. davidoff.com.
Et d’expliquer : la première fois que j’ai ouvert “l’une” de mes boites à cigare terminée, j’ai vu le soin et le raffinement apportés à la réalisation finale. Et cela m’a obligé à la même perfection pour mes meubles.
Pour en admirer une et plus si affinités…Rendez-vous jusqu’au 28 Septembre dans la boutique Davidoff de Monaco. En Octobre à Paris, rue Victor Hugo dans le 16 ème. Au Numéro 22 les deux premières semaines. Au 59 ensuite.
Daniel Clément qui vit désormais à Trouville, se met à l’oeuvre dès le petit matin. Une vie de travail qui ne lui laisse qu’un seul regret, à 74 ans. Celui de n’avoir trouvé personne à qui transmettre son savoir.
Briseur de verre mais pas de rêve car on est captivé par ses oeuvres irisées.
saoudi
Votre article est bel un hommage à ce travailleur infatigable .Merci pour votre sensibilité.
Youssef.
clément wilfried
Chapeau tonton
LEBRETON
Grand BRAVO Clémentine !!
Au plaisir de te revoir à Trouville..
Rognoni
Un véritable orfèvre du verre et des lumières qui sait si bien créer un univers féerique qui se modifie sans cesse, un univers toujours joyeux et si remplie de poésie. Toute mon admiration maître Daniel et « Merci » ! Elisabelle