J’avais eu du mal à enfouir ce souvenir. Il est revenu aujourd’hui où on rend hommage à Johnny Hallyday qui est mort la nuit dernière.
C’était à la Réunion, au début des années 70, probablement à l’époque où il se séparait de sa première femme, Sylvie Vartan. Le chanteur s’était produit dans le théâtre en plein air de Saint Gilles. Un concert pathétique durant lequel il répétait en boucle « Y-a-t-il quelqu’un qui m’aime ce soir ? « . Il n’était pas encore question d’allumer le feu….
Le surlendemain, je me trouvais juste derrière lui dans l’avion qui nous ramenait à Paris. Une dizaine d’heures de vol où il est resté prostré, donnant l’impression d’être shooté à mort, un médecin à ses côtés qui le surveillait en permanence.
Daniel Rondeau, écrivain et journaliste, qui le connait bien, dit que « Johnny » c’était vivre et mourir à chaque instant. Dans ces années là, ce devait être uniquement mourir. Le chanteur disait qu’il avait besoin d’être dans le trou pour remonter… Il évoquait « une vie de destroyance« , usant d’un néologisme tiré de l’anglais to destroy, détruire… Est-ce de cela qu’il tirait son talent et cette façon si unique et intelligente de chanter qui donne des frissons ?