la guêpe, un insecte mal aimé ?

Certains vous diront que c’était un été à guêpes.

Des insectes dont le commun des mortels se méfie puisque les femelles piquent. Elles injectent un venin à l’aide de leur aiguillon. Et contrairement aux abeilles qui le perdent après avoir piqué, les guêpes peuvent l’utiliser plusieurs fois de suite.

Des piqûres très douloureuses qui peuvent, selon leur localisation, (gorge, cou …) provoquer des œdèmes entraînant un étouffement parfois mortel ou des réactions allergiques graves.

Pour la petite histoire, sachez que les guêpes ont un resserrement au niveau de l’abdomen, d’où l’expression avoir une taille de guêpe, alors que l’abeille est trapue.

Pourtant pour Éric Darrouzet de l’Institut de recherche sur la biologie de l’insecte (IRBI) de l’Université de Tours (centre), ces insectes mal aimés jouent un rôle majeur dans la nature et il faudrait les protéger.

Les protéger ?

QUESTION: 2020, l’année de la guêpe ?

REPONSE: A ma connaissance, nous ne disposons d’aucune donnée scientifique sur les guêpes, des insectes peu étudiés. Mais il peut y avoir des années avec et des années sans, selon les conditions climatiques. L’année dernière, l’hiver rigoureux et une sécheresse relativement longue avaient sérieusement impacté les guêpes et les frelons européens. 

Il est possible aussi qu’il y ait, localement, des variations de population. La guêpe est une prédatrice: elle chasse les insectes pour nourrir ses larves en développement. Elle se déplace pour aller chercher la nourriture là où elle se trouve.

S’il y a moins de ressources nutritives disponibles en milieu naturel, elle va chercher ailleurs, par exemple au niveau des ruchers ou dans les zones périurbaines et urbaines où nos jardins, nos parcs sont entretenus sans pesticides. Du coup, les gens y croisent plus de guêpes.

Mais je ne vois pas pourquoi les populations exploseraient. Les études montrent que les insectes disparaissent à une vitesse alarmante, notamment du fait de l’utilisation à outrance de pesticides en milieu rural. Les guêpes et les frelons européens sont impactés en tant qu’insectes et en tant que prédateurs car il y a moins de nourriture disponible.

Q: Quel est le rôle des guêpes dans la nature ?

R: Comme les abeilles, les guêpes et les frelons européens ont un rôle écologique majeur et il faudrait les protéger. Ils participent à la pollinisation des plantes et, en tant que prédateurs, ils permettent de contrôler les populations d’insectes dans l’environnement, notamment des mouches et des moustiques.

Dans certaines exploitations d’élevage, les agriculteurs installent des nichoirs à frelons pour qu’ils chassent les mouches, parfois causes de problèmes sanitaires.

Mais bien sûr, s’il y a vraiment un danger avéré, il faut mieux retirer la colonie. Sinon laissons la en paix. Vivons en bonne intelligence à côté. Il n’existe malheureusement aucun répulsif connu, non agressif et non létal, contre les guêpes ou les frelons.

Les appâts sucrés que fabriquent les gens tuent en même temps des mouches, des lépidoptères, des papillons, des coléoptères etc. Cela a un impact environnemental que je trouve désastreux.

Q: Les guêpes et les frelons, victimes de préjugés ?

R: L’abeille a meilleure presse car elle produit ce miel qu’on adore. Pourtant, à part ça, abeilles, bourdons, guêpes et frelons, c’est exactement la même chose !

Ce ne sont pas des animaux foncièrement dangereux. Les guêpes vous piquent dans deux cas. Soit vous l’attrapez par mégarde dans un vêtement, l’animal se sent agressé et il se défend. La dangerosité dépendra de votre réaction au venin. (ndlr, ce n’est pas rien !) Le deuxième cas, plus problématique, vous vous approchez sans le savoir d’une colonie. Les insectes vont alors faire leur travail: défendre leur colonie. Ils attaquent pour vous faire fuir. 

Les guêpes sont très mal connues, très peu d’informations sont diffusées au grand public. On trouve pléthore de livres sur les abeilles mais sur la vie des guêpes et des frelons, rien. Ce sont des mal-aimés. Pourtant quand vous regardez la biologie de ces animaux, leur structure sociétale, leur cycle de vie … c’est passionnant.

Convaincu-e ?

La Femme Qui Marche avec /AFP

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