Si vous en êtes resté aux puzzles classiques en carton, c’est un autre monde que propose l’entreprise Michèle Wilson, « Entreprise du Patrimoine Vivant ».
Un monde de puzzle d’art en bois où une relation particulière se noue entre le puzzeleur, l’artiste dont l’oeuvre est reproduite et la découpeuse.
Les découpeuses, elles sont 12, souvent à l’origine des maquettistes ou des ébénistes, découpent, chacune avec leur propre style et leurs propres envies à la main l’image qui a été collée sur un contreplaqué de peuplier. Chaque pièce est donc unique.
Pas question de créer des liens entre les couleurs par exemple. Seuls comptent le motif, le style du peintre et son pinceau. On ne découpe pas un Van Gogh comme un Delaunay.
Regardez les Mariés de la Tour Eiffel de Marc Chagall. La découpeuse a choisi de faire une seule pièce du visage de l’heureuse élue. Le rendu craquelé obtenu une fois le puzzle reconstitué s’expose magnifiquement sous un sous verre.
Le procédé permet de percevoir des détails quand l’oeuvre est grande. Ou bien de se recentrer sur un élément essentiel de la composition. Sophie Ollé-Laprune cite, dans ce cas, la fleur blanche du tableau de Van Gogh qui s’intitule Iris.
Elle explique par ailleurs que lorsque l’on fait un puzzle Michèle Wilson, on cherche à déjouer les pièges crées par l’artisan découpeur et à ce que s’instaure un jeu à deux.
Au XIII ème siécle, les puzzles ont d’abord servi à apprendre la géographie. En effet, leur invention est attribuée à un certain John Spilsbury, cartographe et graveur londonien. Il eut l’idée de découper des cartes et de les vendre comme moyen ludique pour apprendre cette discipline. Il faudra attendre ensuite les années 1930 aux États-Unis, pour que les techniques de découpe se mécanisent.
Le catalogue Michèle Wilson propose notamment une très jolie carte de France, avec ses départements et des puzzles pour enfant.
Caroline Delieutraz est une artiste qui joue de façon superbe avec les puzzles. Elle
superpose jusqu’à 6 ou 7 puzzles de la même oeuvre ce qui lui permet de créer du relief en enlevant de l’épaisseur là où elle le décide. Cela donne une oeuvre en 3 dimensions. Il faut naturellement que les pièces semblables aient été réalisées par le même artisan coupeur. Sans titre. ( La tour de Babel) exemplaire unique. 3600 euros.
Crédit Photo : Na Huang. http://www.puzzles-et-jeux.com. contact : contact@pmwd.fr
Le rôle du faiseur de puzzle est difficile à définir. Dans la plupart des cas — pour tous les puzzles en carton en particulier — les puzzles sont fabriqués à la machine et leur découpage n’obéit à aucune nécessité : une presse coupante réglée selon un dessin immuable tranche les plaques de carton d’une façon toujours identique ; le véritable amateur rejette ces puzzles, pas seulement parce qu’ils sont en carton au lieu d’être en bois, ni parce qu’un modèle est reproduit sur la boîte d’emballage, mais parce que ce mode de découpage supprime la spécificité même du puzzle ; il importe peu en l’occurrence, contrairement à une idée fortement ancrée dans l’esprit du public, que l’image de départ soit réputée facile (une scène de genre à la manière de Vermeer par exemple, ou une photographie en couleurs d’un château autrichien) ou difficile (un Jackson Pollock, un Pissarro ou — paradoxe misérable — un puzzle blanc) : ce n’est pas le sujet du tableau ni la technique du peintre qui fait la difficulté du puzzle, mais la subtilité de la découpe, et une découpe aléatoire produira nécessairement une difficulté aléatoire, oscillant entre une facilité extrême pour les bords, les détails, les taches de lumière, les objets bien cernés, les traits, les transitions, et une difficulté fastidieuse pour le reste : le ciel sans nuages, le sable, la prairie, les labours, les zones d’ombre, etc. » Georges Perec. La vie Mode d’emploi.