Le champagne se marie parfaitement avec des gressins, une tranche de saumon fumé, du jambon, du comté affiné et … des radis.? …….Oui des radis. Pas cher et diététique.
C’est Jacques Puisais, un monsieur délicieux et grand connaisseur qui a découvert cette association. Célèbre chimiste et oenologue français, aujourd’hui âgé de 93 ans, il a consacré toute sa vie à explorer de façon scientifique les accords mets-vin et l’interaction de goûts en bouche.
L’accord est scientifiquement prouvé depuis des décennies, mais beaucoup l’ont appris grâce aux dégustations connectées de bulles nobles pendant la pandémie.
Les bouteilles sont envoyées à l’avance avec le code d’accès à l’évènement et les conseils de dégustation: la température à laquelle on sert le champagne et les amuse-gueules qui vont avec.
Lever le verre seul, devant son écran n’est pas quelque chose de naturel pour cette boisson festive, symbole de légèreté et de convivialité, reconnaissent les responsables de grandes maisons champenoises.
Mais pour elles, ces dégustations inédites sont le moyen de rester en contact avec leurs clients alors que les ventes ont chuté jusqu’à 80% dans certains segments pendant le confinement.
Pour tenir ensemble les participants éparpillés à travers la France ou à l’étranger, ces rencontres virtuelles sont courtes et divertissantes.
Après une journée de (télé)travail, si on suit à la lettre les instructions de la maison Delamotte, qui fête ses 260 ans, on sort deux bouteilles et on dresse à côté de l’ordinateur un plateau avec des gressins, une tranche de saumon fumé, du jambon, du comté affiné et … des radis.
« C’est l’accord le plus parfait », explique Didier Depond, président de Delamotte.
– Ni flûtes, ni coupes, des glaçons parfois –
Chacun montre ce qu’il mange et montre son verre….Autre grand sujet qui déclenche les guerres saintes dans le monde du champagne.
Didier Depond. « Je suis anti-flûte, anti-coupe. La vieille coupe très plate, cela était bon au début du XXè siècle, mais on a un peu évolué en la matière, heureusement. A partir du moment où c’est un verre tulipe, cela me va bien ».
Olivier Krug, sixième génération et directeur de la maison Krug, créée en 1843, est lui aussi un farouche anti-flûte : « déguster dans ce type de verre, c’est comme écouter de la musique en se bouchant les oreilles.
Et il avoue être très touché par les commentaires des internautes lors de ces dégustations qui lui ont permis de « voyager » dans 27 pays auprès de 7.000 personnes sans quitter son studio.
« Cela changé ma façon de faire des affaires. Je vais voir comment s’adresser à des audiences plus larges. En 30 ans de carrière, c’est la première fois que je n’ai pas réservé de billet d’avion. »
« Il faut que ce soit ludique. On parle d’histoire, de Mme Pommery, de l’architecture, des caves, des expositions d’art contemporain », soutient Nathalie Vranken, administratrice de la maison Vranken-Pommery.
« Quand on est malheureux, confiné et coupé de sa famille, on ne boit pas de champagne ».
Les dégustations s’ouvrent dès lors à « d’autres questions du style +peut-on mettre des glaçons dans son champagne+? »
La réponse est « oui, à condition qu’il soit fait pour cela, autrement on monte son acidité ».
– « Contre-nature » –
Le confinement étant globalement levé, les affaires reprennent-elles?
« Ce n’est pas le mot », dit Olivier Krug qui vend beaucoup dans des restaurants du monde entier qui sont fermés.
« Les gens reviennent un peu, mais nous sommes très loin de la fréquentation d’avant la crise.
Tous espèrent que ces dégustations connectées vont malgré tout s’arrêter d’elles mêmes car bien sûr il est difficile de trinquer.
La Femme Qui Marche avec /AFP.