Même si vous n’êtes pas « frappadingue » de la peinture romantique, il faut aller voir et entendre l’exposition, pas forcément très facile, que la Maison de Victor Hugo consacre à Louis Boulanger. Entendre ? Oui car l’histoire de ce peintre, (1806-1867), qui fut proche de Hugo qui l’appelait « mon peintre », met en scène une époque et des personnages passionnants.
Ils ramènent aux sources du romantisme.
Cette génération qui n’a pas 20 ans dans les années 1820, se retrouve dans la maison des Devéria, des créoles de Saint Domingue. Elle se trouve rue d’Assas à Paris, à l’emplacement de la fac actuelle. Ici, les artistes rêvent de réformer les arts, les lettres et la musique pour créer une esthétique moderne.
Louis Boulanger, peintre mais beaucoup plus que peintre, est aussi l’ami d’Alexandre Dumas, de Franz Liszt, ou d’Honoré de Balzac. Il s’inspire de leurs oeuvres pour élaborer les siennes.
Ainsi, c’est lui qui porte l’un des coups principaux à la doctrine classique avec une toile monumentale, « le supplice de Mazeppa ». Le peintre puise son sujet chez Byron et sa référence picturale chez Rubens. Ainsi il renverse la hiérarchie des genres en traitant un sujet littéraire dans le format de la peinture d’histoire. On le désigne souvent comme le « peintre du Mazeppa ». Une oeuvre qui montre son appétence pour les très grands formats pas faciles à exposer.
Mais Boulanger est aussi connu pour avoir arborer toutes les techniques, donnant ses lettres de noblesse à la toute neuve lithographie et une puissance monumentale à l’aquarelle dont la mode vient d’Angleterre.
Il est l’auteur des vignettes (1) qui accompagnent les livres des grand auteurs de l’époque. Et surtout il est le premier à dessiner des costumes de théâtre avec un grand souci du détail historique pour les vêtements, les accessoires et les couleurs.
On pourrait dire aujourd’hui, qu’il a créé l’identité visuelle du romantisme.
Cette exposition monographique regroupe 180 oeuvres empruntées à une trentaine d’institutions : musée, collections privées, galeries pour découvrir ce peintre romantique du XIX ème siècle injustement méconnu.
Fidèle à ses convictions artistiques jusqu’au bout, Louis Boulanger a été le plus grand soldat du romantisme.
(1) Le mot vignette dans son premier sens, le plus ancien, est utilisé pour désigner tout motif ornemental illustrant les pages de textes imprimés, et notamment ceux placés en tête et en fin de chapitres ou parties
Par extension, ce terme s’applique à toute illustration d’un livre dessinée ou gravée. (Wikipédia)
Louis Boulanger, peintre rêveur, jusqu’au 5 mars à la Maison de Victor Hugo, 6 Place des Vosges.Paris
Visuel à la une : Louis Boulanger, Mort du cheval de Mazeppa, lithographie 1939. Crédit Maisons de Victor Hugo Paris Guernesey Paris Musées.
Et si vous voulez vous désaltérer ou grignoter dans ce quartier du Marais, que vous ayez vu ou non l’expo, sachez que la Maison de Victor Hugo accueille dans son bâtiment, à droite en rentrant la Maison Mulot. Un joli jardin à la belle saison.