Qui d’entre vous connait dans son entourage quelqu’un (une) qui se soit rendu à Matala en Crête dans les années 60 ou 70 ?
Personne ? Si moi. ( voir témoignage ci-dessous)
Matala, spot des hippies, chemin quasi obligé sur la route de Katmandou, ancien village de pêcheurs, devait être alors magnifique avec ses falaises ocres et sa baie. Ses grottes furent utilisées comme caveaux au tout début de l’ère chrétienne. L’une d’entre elles est désormais appelée Brutospeliana en hommage (d’après la légende) au général romain Brutus.
Les hippies s’ installèrent dans les grottes avant d’en être expulsés par les militaires du temps des colonels, aidés en cela par les habitants un peu affolés. Cat Stevens et Bob Dylan pour ne citer qu’eux y ont bivouaqué et ont aidé à sa renommée, sans oublier Joni Mitchell et les chansons de l’album Blue sorti en 71.
Comme le note le Géoguide de la Crête, « scandaleux à l’époque, ce détournement de sépulture contribue aujourd’hui à la gloire de Matala au point que l’on ne sait plus très bien ce que l’on visite : une tombe ? Le fumoir de Stevens ? La chambre de Dylan ?
Affirmer que Matala n’est devenu qu’un endroit touristique est un euphémisme. On dit que seule une dizaine de personnes y vivent l’hiver. Alors c’est peut-être le seul moment où venir admirer le paysage. Car déjà, début juin, la plage avec ses installations touristiques est bondée et les ruelles encombrées de touristes et de boutiques.
Si vous aimez les pantalons à patte d’éléphant, les sarongs et les tenues hippies, les sandales en cuir faites à la main, ou les sacs voire les maillots de bain au crochet, (grande tendance de l’été 2024) vous y trouverez votre bonheur.
De-ci de-là, vous croiserez quelques « restes » de vrais hippies, allemands pour la plupart, qui n’ont pas quitté les lieux ou quelques « figurants » qui animent Matala.
Et vous verrez inscrits ou dessinés, sur les murs ou sur des voitures, des fleurs et le fameux slogan de Matala devenu célèbre:
« Life is today, tomorrow never comes »
Témoignage de Jacques Storelli bien connu dans le Bassin d’Arcachon, qui a vécu le Flower Power à Matala :
« En 1973, sous le régime des colonels, après une première percée (Yougo, Grèce, Limassol, Haïfa, Mer Rouge) avec ma 2 cv utilitaire Citroën rachetée à l’EDF pour rien et bricolée à mort (bleue, autonomie 1200 kms, rehaussée, pare-buffle, 2 roues sur le toit + caisses de pièces de rechanges), j’ai laissé ma caisse dans le parking de Venise, puis TransEurope, puis bateau pour la Crète, autostop et arrivée au hotspot des junkies de Matala.
Les troglodytes situés à gauche le dos à la mer nous ont servis de base durant une quinzaine. Mais les coups de bottes aux fesses matinaux des nervis des colonels ont eu raison de notre détermination, ce qui nous a conduits à migrer vers une plage à 5 ou 6 kms, sur laquelle nous avons vécus nus et heureux 17 jours, entre quelques rapines de raisin et d’olives et la fourniture de galettes de pain et autres fromages et boissons par un beau grec que l’une d’entre nous a su remercier chaque jour à la hauteur de ses prestations.
Les couples improvisés s’entendaient plutôt bien, sans trop de changement de cavalières.
Nous dormions comme des gravelots à collier interrompu dans des petits cratères improvisés dans les dunes. Pas d’écran, pas de poste restante, et la certitude que la beauté offerte par les nuits grecques étoilées nous garantirait un monde solide sur lequel nous pourrions nous appuyer.
Raté ! «
Pas la peine donc de vous risquer jusqu’à Matala durant votre voyage en Crète. En revanche prévoyez de vous arrêter un long moment dans les ruines de Phaistos, non loin de là, à quelques km de la mer.
Phaistos, avec Cnossos, l’un des plus anciens palais crétois de la civilisation minoenne. Mais ici, le site est resté tel qu’il était lors de sa redécouverte par des archéologues italiens, ce qui lui confère un charme très particulier.