Surréaliste .Le « petit bonhomme en orange », (petit dans le sens créole du terme, une marque d’affection ) que vous apercevez vient travailler tous les jours pour nettoyer les caniveaux et les rues de mon quartier, l’Ile Saint-Germain à Issy les Moulineaux, près de Paris.
Il est obligé de venir travailler même si son nettoyage ne consiste plus en grand chose. « Tout est propre, je n’ai pas grand chose à ramasser ». Mais il n’a pas le choix. La société qui l’emploie lui dit de venir. Elle veut sans doute continuer à être rémunérée par la ville ou l’agglomération avec laquelle elle a passé un contrat. Il habite dans le 91 mais « je suis véhiculé » dit-il . Il se plaint de ne pas avoir de masque. Mais il faut bien dire que, dans l’exercice stricto sensu de son métier, dans la rue, il ne côtoie personne.
La pandémie ne gomme pas les inégalités. Je suis bien consciente de faire partie des privilégiées. Une maison avec un jardin et une rue en boucle peu passante, ce qui me permet tôt le matin de faire deux fois le tour du pâté de maison en 45 minutes en voyant au maximum 10 personnes de loin en loin.
Mais n’en déplaise à Eric Naulleau dont j’apprécie la finesse, l’intelligence et la culture, pourquoi s’offusquer de ces Parisiens qui ont fui la capitale. Quand je passe devant la résidence de logements sociaux située à 300 mètres de chez moi, les logements aux volets fermés sont au moins aussi nombreux que ceux qui sont ouverts. Qui s’offusque d’entendre à la radio le chanteur Jean-Louis Aubert expliquer qu’il a trouvé refuge dans sa maison de campagne d’où il organise des concerts pour tous ceux qui aiment l’entendre ?
Il y en a qui sont heureux-ses, insouciants-es en tout cas au coronavirus Covid-19 …Les pâquerettes qui poussent dans l’herbe sous mes yeux et le robot des voisins qui continue inlassablement à tondre leur pelouse.