des goélands à paris.

Loin des embruns de la côte, les goélands vivent dans Paris depuis une trentaine d’années, nichant sur les toits, au grand dam de certains riverains qui se disent las de leurs cris stridents.

Autrefois, « au printemps, on entendait les moineaux le matin; c’était le signe du réveil, c’était tout à fait agréable. Et maintenant, ce sont ces cris rauques (…) qui nous embêtent ! », déplore une habitante de Belleville, dans le nord-est de la capitale française que semblent affectionner les goélands. »Infernal ! C’est une catastrophe de les entendre brailler, de les entendre pleurer », vitupère un autre habitant du quartier.

Le goéland est un oiseau « vocal » dont chaque cri a une fonction particulière. Sa fameuse « clameur » retentit de mars à août pendant la période de nidification. Puis il redevient silencieux.

La population de ces oiseaux de la famille des laridés, comme les mouettes, reste toutefois limitée.

Pour Jean-Philippe Siblet, ornithologue au Muséum national d’histoire naturelle, Paris abrite « une cinquantaine de couples reproducteurs », un nombre inchangé par rapport à des estimations de 2013.Ce sont donc « en gros cent adultes qui produisent en moyenne (par couple) trois jeunes à l’envol chaque année », lesquels déserteront le lieu de nidification une fois autonomes.

Pour lui, cela reste sans rapport avec ce qui se passe « dans des communes côtières comme Le Havre », port normand sur lequel tournoient et planent les oiseaux marins de toutes sortes, ou Trouville, station balnéaire proche: il y a quelques années, la mairie y a eu recours à un drone pour s’attaquer à la prolifération des nids…

Car le goéland dérange, au point d’être qualifié de « sans gêne » il y a deux ans à Marseille (sud-est), dans un très officiel communiqué autorisant par arrêté préfectoral l’euthanasie de certains de ces volatiles — appelés « gabians » localement.

À mille lieues du « Vieux Goéland », poème de l’écrivain français du XIXe siècle Jules Barbey d’Aurevilly : « C’était un fier oiseau, farouche et solitaire, Au bec crochu d’or pâle, aux pieds d’ambre, à l’oeil clair… ».

Il est vrai qu’au XXIe siècle, le « fier oiseau » est davantage associé en milieu urbain à son intérêt pour les ordures ménagères qu’à une pêche à pied le long des plages.

Pour M. Siblet, la raréfaction de leur nourriture sur le littoral, dont l’écosystème a été perturbé par les activités humaines (loisirs, constructions…), explique en partie pourquoi certains se sont installés en région parisienne. Omnivores, ils y « trouvent une nourriture relativement abondante » grâce aux déchets des humains.

« De surcroît, en hiver, ils n’hésitent pas à faire plusieurs dizaines de kilomètres pour aller sur des décharges à ciel ouvert qui avoisinent l’agglomération parisienne, ils s’y alimentent abondamment, ils ont moins de mortalité, ce qui fait qu’ils reviennent l’année suivante, plus nombreux », ajoute-t-il en pointant aussi l’absence de prédateurs dans la région, hormis chats et éventuels renards qui cependant n’accèdent pas aux toits des immeubles.

La Femme Qui Marche avec / AFP

A la une des goélands sur les toits du Marais

 

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