kunekhune : cochons parfaits pour limiter les herbicides dans les vignes.

Ils ont tout pour plaire !

Groins dans la terre, les cochons de race kunekune retournent « toutes les mottes d’herbe et mangent même les racines pivotantes », ce qui « empêche la repousse ». Strictement herbivores, ces cochons nains, d’environ 40 kg, épargnent aussi les vers de terre. En outre, leur physiologie les empêchant de lever la tête, ils ne s’attaquent pas non plus aux grappes et rameaux. Et ce n’est pas tout : « Ils dévorent les feuilles vivantes dès qu’elles tombent au sol », une action anti-champignons. « C’est une solution pour diminuer très significativement » l’usage de produits phytosanitaires.

Le commentaire d’Olivier Zebic, ingénieur agronome et oenologue, sur les quatre cochons qui labourent un vignoble de Cramant, village de Champagne classé grand cru, est très laudatif. Il s’agit de leur confier le toilettage des vignes au plus près dans le cadre d’un projet pilote qui vise à limiter herbicides et tracteurs.  

Désherbage, aération du sol, lutte contre le mildiou et autres champignons dévastateurs : ces cochons « kunekune », une espèce courte sur pattes, originaire de Nouvelle-Zélande, mais élevés en France, font un « travail complet », et « de précision ». Fin de citation. 

J’ajoute qu’ils sont bien connus pour leur nature amicale, leur bon comportement et leur tempérament docile. Placides, aimant la compagnie des hommes, très intelligents, ils sont faciles à entraîner.

Mais revenons à nos moutons justement.

L’expérience a démarré l’an dernier dans le Bordelais, l’idée étant de remplacer le mouton, autre éco-dé-sherbeur, mais qui « ne fait que tondre ». 

Ici, elle a a commencé en janvier sur une parcelle de Chardonnay, dans le domaine de 22 hectares de Jean-Etienne Bonnaire. Avec son frère, il dirige la maison de champagne éponyme. 

L’exploitation est en conversion bio, les herbicides remplacés depuis 2005 par des engins mécaniques, mais qui tassent la terre, peuvent blesser les plants, et tournent au gasoil. 

« On ne pourra pas tout révolutionner avec les cochons », mais ils sont un « complément », « un outil en plus pour les parcelles les plus difficiles », juge pour sa part M. Bonnaire. Notamment « sur les sols en côteaux, où avec les orages, on perd quatre à cinq cm de terre par an ». 

Maxime Toubart, président du Syndicat général des vignerons de Champagne s’interroge : « après les moutons ou les poules, également utilisées dans des vignes, mais proies faciles de prédateurs, « est-ce duplicable à grande échelle ? »

Olivier Zebic imagine déjà pour sa part une « transhumance de cochons » dans les vignes, alors que le Comité interprofessionnel du vin de Champagne vise, d’ici 2030, une certification environnementale pour 100% des exploitants. 

La Femme Qui Marche avec /AFP.

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