Le sans gluten est devenue une mode, présenté comme la panacée à toutes sortes de maux. Or on considère qu’une personne sur 100 seulement serait touchée par la maladie cœliaque en France, selon l’Afdiag (Association française des intolérants au gluten). Au total donc en France environ 600.000 personnes.
Pourtant, six millions de Français s’estimeraient intolérants au gluten et quatre millions suivraient un régime sans gluten uniquement pour une raison de bien-être. Une « mode » largement alimentée par des célébrités, comme le champion de tennis Novak Djokovic, la présentatrice télé Oprah Winfrey ou même l’ex-premier ministre Manuel Valls.
À tel point que le filon du sans gluten prospère comme jamais : les ventes augmentent de 30 % à 50 % par an et le nombre de marques a été multiplié par cinq depuis 2012. Outre les marques historiques comme Schär, les marques bio (Gerblé, Céliane, Valpibio…), presque tous les distributeurs ont lancé leur gamme sans gluten, à l’instar de Auchan (Mieux vivre), Carrefour (No gluten) ou Leclerc (Chaque jour sans gluten).
Ces aliments perçus comme « sains » sont en réalité bien moins diététiques que les originaux ; voilà la mise en garde de 60 millions de consommateurs dans son numéro hors-série Naturel, l’envers du décor.
Le pain aux graines sans gluten Mon Fournil est ainsi 40 % plus calorique que son homologue classique et contient beaucoup plus de sucre (77 grammes de glucides contre 44 grammes), de sel et d’additifs, dénonce le magazine. « Pour conférer au pain le moelleux que le gluten lui assure naturellement, les industriels ajoutent de nombreux additifs, émulsifiants ou épaississants ».
Les spaghettis sans gluten Panzani affichent une valeur nutritionnelle bien moindre que les spaghettis traditionnels : deux fois plus pauvres en protéines (7,7 g/100 g contre 13 g/100 g) et en fibres (1,7 g/100 g contre 3,6 g/100 g) et six fois plus riches en sel.
Autre constat. La pâte à tarte brisée Croustipate sans gluten contient pas moins de quinze ingrédients, dont un tiers d’additifs comme le E464 et le E330, alors que celle de la pâte classique de marque Marie se contente de six ingrédients sans aucun additif.
Un index glycémique plus élevé
Le constat de 60 millions de consommateurs ne fait que corroborer celui de nombreuses études sur le sujet. En 2017, des chercheurs espagnols par exemple, ont eux aussi montré une composition plus calorique et plus riche en lipides de la plupart des produits sans gluten analysés. Les produits sans gluten utilisent notamment des farines et fécules de maïs et de riz à l’index glycémique élevé. De plus, « la présence de gluten dans les pâtes ralentit l’action des amylases digestives, ce qui limite l’absorption de glucose », explique Christine Calvet, auteur du livre À table sans gluten et sans lait.
Pire, se plier sans raison à un tel régime serait dangereux pour la santé. Selon une étude publiée dans le BMJ (British medical journal) montre que les personnes non concernées par la maladie cœliaque qui adoptent un régime sans gluten ont plus de chance de développer des maladies cardiovasculaires en réduisant leur apport en céréales complètes.
Une autre étude de la Fédération américaine de cardiologie, portant sur 200.000 personnes, établit, elle, un lien entre ce régime d’exclusion et un risque plus élevé de diabète de type 2. Enfin, un régime strict sans gluten peut mener à des graves carences, alertent les nutritionnistes.
Des aliments sans gluten jusqu’à sept fois plus chers
Selon une étude britannique publiée en juillet, un produit sans gluten est vendu en moyenne 1,12 livre (1,26 euro) par kg, contre 0,59 livre (0,66 euro) pour son équivalent normal, soit au total 11,25 euros de plus par semaine sur la facture alimentaire. Certes, le surcoût est en partie justifié par le choix des ingrédients plus chers (la farine de quinoa ou de riz est environ 2,5 fois plus chère que celle de blé) et un processus de production plus complexe. Mais certaines mentions frôlent parfois l’arnaque : « Gerblé vend ses galettes de maïs sans gluten 70 % plus cher que celles non estampillées pour une recette quasi identique, puisque le maïs est naturellement dépourvu de gluten », s’insurge 60 millions de consommateurs. Dans un supermarché, nous avons même trouvé… de l’eau minérale étiquetée sans gluten.
Article à retrouver dans la lettre d’Information de Futura : https://mail.google.com/mail/u/0/#inbox/164df707f5344701