« Tu es un sorcier, Harry », « Mr Bond, vous avez la fâcheuse habitude de survivre », « Hakunamata. Mais quelle phrase magnifique ! »… Derrière ces répliques cultes se cachent des femmes et des hommes qui exercent un métier peu connu, et pourtant indispensable quand on évoque le cinéma et les séries en français, celui d’auteur-adaptateur de doublage et sous-titrage. DEVINE QUI VIENT DOUBLER ? Le musée Sacem en ligne met un coup de projecteur sur ces femmes et ces hommes de l’ombre grâce à une riche sélection d’archives – affiches et extraits de films, photos, bulletin de déclaration – et des podcasts inédits. L’occasion de découvrir leur rôle clé, essentiel à la circulation des œuvres cinématographiques en français et les secrets d’adaptation de films et séries mythiques comme James Bond, Grease, Goldorak, Forrest Gump, Les Simpson et bien d’autres… Des commentaires du bonimenteur dans le cinéma muet à l’apparition du cinéma parlant, du doublage des grands classiques du cinéma moderne aux réalités du métier aujourd’hui, c’est toute l’histoire du doublage français et ses grandes figures qui se dévoile dans cette exposition. Vincent Violette, dialoguiste et comédien : « Le doublage, c’est l’art de l’effacement ». |
10 thématiques regroupent les podcasts inédits : : « Écrire pour l’humour et les films de genre », « Écrire pour la jeunesse », « les métiers du doublage », « Dialoguistes et auteurs de sous-titres : Et vous en vivez ? », etc… Ces podcasts sont l’occasion de découvrir de surprenantes anecdotes : Alfred Hitchcock, pionnier du doublage dès 1929 doublant la bande son de ses films par des musiques, bruitages, ou autres sons enregistrés sur le plateau ajoutés aux voix des comédiens ; mais aussi l’adaptation de la réplique d’Homer Simpson « Oh my god, oh my god, oh my god… » en VO en une expression emblématique de la série en français « Oh pinaise, oh pinaise… » ; ou encore la complexe traduction des noms de sorts, lieux, personnages ou créatures fantastiques pour les films Harry Potter. AUTEUR-ADAPTATEUR ? Le doublage est apparu tout naturellement avec le début du cinéma parlant et est devenu, au fil des ans, une véritable industrie qui fait vivre de nombreux corps de métier. Le doublage induit une traduction et adaptation de la langue d’origine vers le français. Si un doublage parfait existe, il est condamné à rester dans l’ombre car l’adaptation du doublage est avant tout un art de l’effacement. L’auteur-adaptateur de doublage est chargé de transposer les dialogues du programme – série ou film – de la version originale à la version française. Il peut se charger également du sous-titrage qui ne représente au maximum que 60% du texte original ; en effet, notre œil ne peut lire plus de 60 % de ce que l’oreille entend. Grâce à ces auteurs de l’ombre du doublage et sous-titrage, un riche panel d’œuvres étrangères devient accessible au public, en ajustant le jeu de parole et le langage d’un comédien étranger à la langue française. Philippe Videcoq, adaptateur et directeur artistique « Quand on a la chance de travailler sur des Pirates des Caraïbes, les Matrix, les Iron Man, les films Marvel, etc… c’est à la fois passionnant mais ce sont aussi de grosses responsabilités, beaucoup de stress, parce qu’on sent un enjeu commercial important. […] il faut trouver la bonne formule, celle qui va respecter la musicalité de l’anglais, le vocabulaire, l’humour. » Le saviez-vous ? La célèbre réplique « Vers l’infini et au-delà » du film d’animation Toy Story a été traduite au Canada par « Vers l’infini et plus loin encore ». Avant l’adaptation en français des Simpson, le mot « beignet » était plus répandu que « donut ». La dialoguiste des films Harry Potter a dû fouiller page par page les livres de J. K. Rowling traduits en français par Jean-François Ménard pour établir une liste de traduction des noms de sorts, de maisons, d’objets et des créatures fantastiques. Le doublage nous est familier, pourtant sa fabrication est mal connue. Non, les comédiens n’improvisent pas leur texte. Non, les auteurs des répliques françaises ne sont pas des traducteurs mais des auteurs « adaptateurs ». Donner l’illusion qu’un comédien étranger parle français, joue un texte qu’il n’a jamais interprété, relève de la magie. https://musee.sacem.fr/ La Femme Qui Marche avec / Service de presse du musée SACEM en ligne. |