Une fois par an, en principe le 18 Novembre, la presse évoque le manque crucial d’accès aux toilettes dans le monde. Le 18 car le 19 célèbre la journée mondiale des toilettes. Une journée largement moquée par les occidentaux quand elle fut créée, il y a une vingtaine d’années, par les Japonais.
Deux chiffres.
Un tiers de l’humanité n’a pas de toilettes. 2000 enfants de moins de 5 ans meurent chaque jour de maladies diarrhéiques à cause de cela.(OMS)
Les régions les plus touchées ?
L’Inde et l’Afrique subsaharienne. En plus des risques de maladies, les femmes sont les plus exposées. Un tiers d’entre elles sont confrontées au harcèlement ou à des agressions faute de pouvoir s’isoler pour faire leurs besoins. Mais le problème n’épargnerait pas la France. Selon la Coalition Eau, un collectif ONG, 2 millions de personnes souffriraient d’un accès à l’eau difficile et une centaine de milliers n’y auraient pratiquement pas accès dans notre pays.
Encore tabou en 2014 !
« On parle souvent des questions d’eau et d’assainissement, mais jamais des toilettes, dénonce Rachid Lahlou, président du Secours Islamique France. Les Etats considèrent que cela relève de la sphère privée et ne mettent jamais de plan national en oeuvre ». Les Occidentaux se prennent pour de purs esprits et ils ne supportent pas d’être ramenés à leur condition d’êtres de chair.
Parlons toilettes.
La Coalition Eau et le Secours Islamique France lancent une pétition en ligne. Ils demandent à la France d’augmenter de 40 millions d’euros, l’aide publique au développement pour l’accès à l’eau et à l’assainissement. Pour attirer l’attention du grand public, des WC avec une cabine transparente trônent devant le Musée Pompidou à Paris. (Photo à la une).
Un souvenir personnel.
Il doit y avoir 4 ans.(J’ai une très mauvaise mémoire des dates). A Audrey Pulvar qui me demande de quoi je parlerai le lendemain, je réponds de toilettes à l’occasion de l’expo de photos organisée par le SIAAP sur le trottoir près du Port de la Bastille à Paris. Sourire pincé de l’intéressée qui se raidit sur son siège en gloussant! Visiblement ce thème de réflexion a échappé à la belle ! (J’ai une chronique dans le 6-7 qu’elle anime sur France-Inter) .(SIAAP: Syndicat Interdépartemental pour l’Assainissement de l’Agglomération Parisienne).
Un second souvenir personnel.
Voilà le cas que me raconte André Dodin à l’époque responsable du choléra à l’Institut Pasteur, quand je viens l’interviewer pour “Où sont les toilettes”publié chez Ramsay en 90. “Il se déroule fin décembre. Des habitants du XVI ème arrondissement souffrent de dérangements intestinaux. On les attribuait aux excès des fêtes. Mais j’ai trouvé l’explication : ils avaient mangé des fraises sans les laver. Les fruits étaient ramassés dans des jardins potagers de Dakar où sévissait une épidémie de choléra. Nul n’ignore que l’engrais naturel qui ne coûte rien est l’engrais humain et les ouvriers agricoles allaient se soulager dans le jardin, s’essuyaient comme ils pouvaient et revenaient continuer leur cueillette. Le vibrion cholérique vit sa vie pendant 2 ou 3 jours. A peine ramassées les fraises étaient embarquées contaminées à bord d’un avion. Destination Paris où elles étaient aussitôt vendues dans une épicerie de luxe. L’anus des Séngalais se trouvait à 12 Heures de la bouche très chic des habitants du XVI ème “
Merci à Sandra Metayer. parlons-toilettes.org