Pas la grande porte bleue naturellement ! Celle que les détenus franchissent en voiture de police ou de l’administration pénitentiaire. Non, le week-end dernier, lors des journées du Patrimoine, on pouvait entrer dans la prison de la Santé par la petite porte à droite. Elle aussi donne dans la cour d’honneur après plusieurs sas de sécurité.
La cour d’honneur. Celle où la guillotine faisait son oeuvre. Seule sur la gauche, une fontaine où étaient lavés les restes sanguinolents de l’exécution témoigne de ce passé…
La Santé : drôle de nom pour une prison. Elle le doit à sa rue, dans Paris, près de Denfert-Rochereau. Là où Anne d’Autriche fit construire une maison de la Santé ou hôpital Sainte-Anne….L’établissement va être réhabilité. Il a été vidé, excepté son centre de semi liberté. Ce qui a permis les visites….
Ici le détenu n’a pas de douche à l’intérieur de sa cellule, il doit demander au surveillant d’aller en prendre une.
Une “structure “ à l’ancienne mais elle permet les contacts humains. Il y a toujours une ouverture manuelle des portes avec une clé et elle restera ainsi. Le surveillant qui nous guide dans le dédale des couloirs a depuis longtemps quitté les lieux pour l’établissement pénitentiaire de Toulouse. Mais il évoque un attachement particulier à ces murs pour le personnel tout comme les prisonniers. Et il a tenu à revenir pour ces journées particulières. Les premières et les dernières. Elles ont permis au grand public de voir comment les années 1880 envisageaient les conditions de l’enfermement, selon la structure panoptique.. Un plan en étoile.
La structure panoptique, qu’est-ce que c’est ?
C’est un type d’architecture carcérale inventé par le philosophe utilitariste Jeremy Bentham et son frère Samuel à la fin du XVIII ème. L’objectif ? Créer un “sentiment d’omniscience invisible “. Le gardien logé dans une tour centrale observe les prisonniers enfermés dans des cellules individuelles autour de la tour. Ils sont observés sans le savoir !
A peine arrivé à la Santé, le détenu passe par le greffe. Prise d’empreinte. Fouille. Photo pour sa carte de circulation. Numéro d’écrou. On lui alloue un compte bancaire de 2O Euros fictifs pour “ cantiner “. Aller acheter dans la boutique des produits considérés comme essentiels. Des piles ou du Nutella par exemple. Des dizaines de produits y sont vendus beaucoup moins chers que dehors. Du coup, ils n’hésitent pas à les acheter pour en faire profiter leur famille. Il reste ensuite de 5 à 8 jours dans un quartier d’accueil pour comprendre le fonctionnement de la prison. Afin d’éviter, le “choc carcéral “ les cellules sont doubles. Mais interdiction d’aller au delà de cette grille…La 3 ème.
La commission de discipline statue sur les actes qui ont enfreint le règlement ou le code de procédure pénale, en cas d’agression notamment. Les cellules disciplinaires comportent deux fermetures , une grille en plus de la porte. Plus de télé. La radio seulement ! …..Sur un mur de celle dans laquelle je rentre, il est écrit : “Mon frère, n’oublie pas Allah “. Les prisonniers peuvent demander à être mis à l’isolement. Leur cour est microscopique. Ils s’y promènent comme ils peuvent. Font des pompes. Les jours pluvieux, ils aiment la sensation de la pluie sur leur visage. Elle les ramène à la vie . A chaque évasion, l’administration a rajouté un dispositif de sécurité.
La Santé est connue pour quelques unes de ses évasions spectaculaires et pour son quartier VIP
Celle de Michel Vaujour par hélicoptère en 1986. Nadine, son épouse, pilote l’appareil mais il sera repris quelques mois après. Celle de Jacques Mesrine, François Besse et Carman Rives en 1978. D’autres délinquants y firent des séjours dans le quartier VIP. Pêle mêle. Maurice Papon, Jacques Crozemarie, ancien président de l’ARC. Pierre Botton, Jean-Christophe Mitterand, Alfred Sirven, ancien dirigeant d’Elf. Bernard Tapie.
VIP mais pas de privilège nous dit-on ? Ils occupent seuls une cellule de 12 m carrés. Celle-là même où l’on peut entasser de 4 à 6 détenus dans d’autres quartiers de la prison. Mais il semblerait que ce qui en est un pour nous n’en soit pas en réalité. Tous les détenus sont logés à la même enseigne. « La prison reste la prison » explique un ancien directeur, « et la solitude peut être très dure à supporter, surtout lorsqu’il s’agit d’une première expérience » . Et la solitude dans la promiscuité ?
Merci à Valérie Cormont. Directrice Communication des Services pénitentiaires au Ministère de la Justice.
Photos Frédéric Rousset.
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